Douce Nuit

Dans les cieux, l'astre luit.

Histoire


Alors que je passe sous la frondaison des arbres recouverts de neige, j'entends enfin le Vent souffler de nouveau avec vigueur. Durant tout mon périple à travers la taïga, il avait été mis en sourdine, étouffé par la densité de la forêt boréale, asphyxié par les monticules de poudreuse. Je n'avais pas l'habitude d'évoluer dans des lieux si dénués de sons. Bien sûr, il y avait l'occasionnel froissement d'une branche, ployant sous le poids de la neige. Mais même alors, le bruit était mat et sourd, presque inaudible. C'était une mer de bruit blanc à mes oreilles. Alors entendre de nouveau le Vent siffler, chuinter, murmurer... c'est un soulagement. Comme si j'avais tout ce temps retenu ma respiration, et que je la relâchais soudain. Peu se rendent compte à quel point le monde est musique. Chaque son est une note au sein d'une symphonie, et le Vent est celui qui est chargé de les colporter, de les diffuser.

Je m'adosse au tronc d'un bouleau, afin de m'accorder un peu de repos. Puis je ferme les yeux, me laissant bercer par la douce mélodie du monde : le craquement de la glace, le hululement d'une chouette, quelque part... Je me mets à fredonner en réponse, mêlant ma voix aux bruits de la nature, et je sens soudain mon Ignescence s'allumer en moi. Je sens la présence d'Aru se lover contre moi, comme elle le faisait parfois durant les veillées nocturnes. Son Eidolon est là, je le sens, mais j'hésite à ouvrir les yeux, craignant qu'il ne se dissipe. Que peut-elle bien faire, en ce moment ? Houspiller Qannik, peut-être ? Ou bien en train de s'occuper de Marang ? Quelques familles du Clan avaient décidé de rester en arrière, surtout celles qui s'occupaient de très jeunes enfants. On leur avait gracieusement alloué des habitations en Kladiver, mais la séparation devait tout de même être dure. Comme elle l'avait été entre Aru et moi...

Narré par


FEN

Date


393 AC