
La Tourmente

- Lore 
- 23 octobre 2025 
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393 AC
La Tourmente. C'est ainsi que l'on nomme cette mer de nuages, à perte de vue. Nous la survolons depuis près de deux semaines déjà, faisant face à ses périlleux caprices. Car si au-dessus de nos têtes trônent l'azur ou le ciel étoilé, sous le couvert des nuages, c'est le Tumulte qui gronde. En permanence. Maintes fois déjà, la flottille a dû manœuvrer pour parer aux "marées" qui agitent la couverture nuageuse. D'après les vigies Yzmir, ce sont des bulles et des ondées de Tumulte, qui remontent le long de courants ascendants pour venir percer la surface. Le VEA Concord a subi de fortes avaries suite à l'explosion d'une poche de Tumulte, au point de devoir faire demi-tour et réparer sa coque, grandement altérée. Fort heureusement, les dégradations sont minimes sur les quatre navires principaux, dont les protections sont bien plus efficaces face aux vents mutagènes. Décision a été prise de placer les embarcations plus fragiles qui sont arrivées en même temps que Mandjet au-dessus des navires lourds, à la fois pour les convertir en postes d'observation, mais aussi pour les abriter d'éventuels ravages.

Les Axiom, l'Ordis et les Yzmir travaillent de concert à élaborer des sondes capables de percer la voûte nuageuse. Les tentatives ont jusque-là été infructueuses, mais ils ne désespèrent pas de mettre au point des modules équipés de senseurs aptes à endurer le Tumulte pour topographier ce qui se trouve en dessous de nous, et en établir la cartographie exacte. Si ces capteurs sont opérationnels lorsque nous arriverons au centre de la dépression, nous pourrons aussi en étudier la nature, ainsi que les épiphénomènes qui en découlent. Avec un peu de chance, nous pourrons aussi identifier des Oasis, qui pourraient constituer des haltes terrestres appropriées, afin de collecter les ressources nécessaires à la continuation de notre odyssée. L'armada évolue en formation serrée, mais cette prudence limite nos capacités de repérage et de reconnaissance. Le travail entrepris sur les airships Axiom, dont la carlingue est en train d'être renforcée avec des runes Heka, pourrait venir répondre à ce besoin.
Les avaries matérielles sont une chose, mais l'état de santé des équipages en est une autre. En plus du mal de l'air, une autre calamité se répand au sein des Corps expéditionnaires et des contingents de civils qui les accompagnent. Les doctes et le personnel médical sont unanimes : les symptômes ressemblent à s'y méprendre à ceux de la Rémanence. Bien que passagers, ces malaises présentent de nombreux cas de rechute. L'hypothèse la plus probable est que cette maladie est due à la proximité du Tumulte, et à l'exposition permanente des membres d'équipage à l'Éther volatil qu'il charrie. Les médecins du Rati et les Eidolons auxquels ils font appel sont à pied d'œuvre pour soulager les souffrances de ceux qui présentent ces stigmates. De plus, ils bénéficient d'une aide substantielle des Muna, qui expérimentent sur des espèces de sangsues capables de ponctionner l'Éther parasite. Au vu de ses accomplissements, ici-même, mais déjà en Caer Nilam, je pense nommer Saskia Averina à la tête de la Serre de l'Ouroboros, dans le but de me conseiller directement.
De plus, nous avançons à une vitesse d'escargot. Les nombreux détours et immobilisations que nous devons effectuer nous ralentissent fortement. Malgré tous ces désagréments, la situation me semble tenable. D'après les estimations de nos navigateurs, il nous reste environ, à notre vitesse moyenne actuelle, cent cinquante milles nautiques à couvrir avant d'arriver à bon port. Nous ne manquons ni d'eau, ni de vivres après notre halte au-dessus de la Cité des Sages. Mais tout dépendra de ce que nous trouverons lorsque nous arriverons à destination. Le faisceau est apparu suite à la confrontation avec l'Affamé, lorsque ce dernier a été vaincu. Il est évident que ce signal était une réponse à la colonne de lumière qui a jailli de la Cité. Était-elle délibérée, ou bien une réaction automatique ? Cela veut-il dire que les habitants de la Cité ont survécu, quelque part au-delà de la Tourmente ?
Je sais pertinemment que tous ces questionnements n'appellent que des conjectures. Et je préfère dédier mon attention à une menace potentielle bien plus actuelle. Une rumeur parmi d'autres m'inquiète au plus haut point : de nombreuses vigies auraient vu, sous la surface nuageuse, une gigantesque ombre suivre notre convoi. Il ne serait pas improbable qu'il s'agisse d'un Léviathan : Terat, ou peut-être Garuda. À moins que ce ne soit un Léviathan inconnu. Une question se pose dès lors : est-il pacifique et simplement curieux, ou bien attend-il un faux pas de notre part pour fondre sur nous quand nous nous y attendons le moins ? En tout et pour tout, dix-huit bâtiments comptent sur moi pour les mener à bon port, et tracer une route sûre. En cas de confrontation, nous n'aurons que peu de marge de manœuvre, pris entre le marteau de l'altitude et l'enclume du Tumulte. Et cette vulnérabilité potentielle ne me dit rien qui vaille.
Journal de bord de Temera Singh,
Grande Amirale des Corps expéditionnaires
393 AC, 15 octobre
Vaisseaux d'Exploration Asgarthi
L'Ouroboros et le Wayfarer sont encadrés à tout moment par les deux navires amiraux Ordis, Mesektet et Mandjet. Mais à la demande de l'Amirale, ce dernier n'est pas venu seul, mais entouré d'une flottille de VEA placés sous l'autorité des Corps expéditionnaires. Si l'armada ainsi formée compte bien évidemment des bâtiments militaires : les escorteurs VEA Ox Caa et VEA Benares, les croiseurs VEA Sune et VEA Concord, le destroyer VEA Horizon, ainsi que le célèbre cuirassé Tempest, mais l'escadre accueille aussi en son sein des transports civils, du remorqueur au navire cargo, en passant par le bateau-pompe, la frégate scientifique ou le kélonier. Si au moins la moitié des contingents humains qui ont embarqué en Asgartha ont été déployés en Caer Oorun, en Caer Nilam ou à l'avant-poste de Sofia, le reste des effectifs a été chargé de porter assistance aux Corps durant leur traversée de la mer de nuages.