L’avant-poste

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  • Lore

  • 4 juin 2025

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393 AC

Après des mois de voyage, les Corps expéditionnaires ont établi un premier avant-poste loin au sein du Tumulte, à environ 580 km d'Arkaster et 75 km du Cais Adarra. En survolant la position, l'Ouroboros a identifié en ce lieu la présence de nombreuses structures humaines, ce qui en fait une sérieuse candidate de la ville légendaire que les historiens appellent faute de mieux la Cité des Sages.

Topographie Générale

La localisation toute entière pourrait ressembler à une haute colline, rabotée par l'effet du temps. Mais après plusieurs heures de marche sur ses contreforts montagneux, recouverts de végétation éparse, le mont se creuse au gré d'un gigantesque cratère, dont les falaises abruptes mesurent près de deux cents mètres de haut. Il est à noter que la colline dans son ensemble est peut-être le résultat de l'Altération, ou d'un caprice du Tumulte, comme pour façonner un dôme protecteur sur une cavité cyclopéenne. En effet, après étude des relevés géologiques de la zone, les météorologues et les topographes n'ont trouvé aucune cohérence, en termes d'érosion ou de nature des sols, entre la colline creusée et son environnement proche. Le cratère lui-même ne semble nullement être le résultat de l'activité volcanique ou de la chute d'un objet céleste.

Néanmoins, ce biotope semi-isolé semble bénéficier d'une protection sommaire face au Tumulte, ce qui en fait le lieu idéal pour l'édification d'une base avancée. Et les forces d'exploration n'ont pas été les premières à avoir eu cette idée. Passé l'à-pic de ses parois, la cuvette circulaire abrite en son sein des ruines d'une ancienne cité humaine, en forme de trou de serrure, et dont les bâtiments ont été petit à petit réinvestis par la végétation. Tous ces anciens édifices à l'architecture singulière entourent un trou béant, situé en plein centre de l'entonnoir, et que les premiers éclaireurs ont nommé à juste titre l'Œil de Corbeau.

Les Corps expéditionnaires ont établi leur avant-poste sur tout le pourtour du gouffre, en prenant appui sur les constructions existantes : les Bravos ont déblayé ce qui ressemblait à une ancienne agora pour y établir leur réfectoire, en proche périphérie de l'Œil de Corbeau ; les Ordis ont investi une sorte d'esplanade, débouchant directement sur la fosse... Toutes les Factions ont ainsi coordonné leurs efforts pour faire de cette enclave semi-temporaire un lieu de villégiature aussi autosuffisant que possible. Bien entendu, l'érection de ce hameau n'est qu'une première étape, car elle n'est entreprise que dans le but d'explorer ce qui se trouve sous la surface. Mais ce poste avancé pourrait très bien devenir un carrefour depuis lequel irradieront les prochaines missions d'exploration.

La Chape

Les explorateurs appellent la Chape toute la structure circulaire qui est encerclée par les bords du cratère. D'un diamètre d'une dizaine de kilomètres, avec l'Œil de Corbeau en son centre, la Chape est un écosystème en soi, qui bénéficie de défenses rudimentaires face au Tumulte. Les géomètres ont comparé cette étendue à un couvercle posé sur un faitout. Pour autant, le trou principal n'est pas la seule ouverture qui plonge vers les paliers souterrains qui se déploient sous la Chape. D'autres accès vers les profondeurs existent, là où des parties de ce dôme se sont effondrées ou ont délibérément été creusées.

La Chape est un vaste territoire ceinturé, où la nature a lentement repris ses droits. On y trouve en premier lieu d'anciens pâturages, des bois clairsemés, ainsi que des terrasses en espaliers qui ont été renforcées par le biais de l'intervention humaine. Si les abords immédiats de l'Œil sont d'abord composés de plaines en pente douce et de petits vallons, plus on s'éloigne du centre, plus la végétation se densifie à mesure qu'on approche des parois du cratère. À certains endroits, on peut même s'enfoncer dans des futaies et des bosquets de petits arbres — prémisses d'une forêt à venir —, qui serviront sans nul doute de source d'approvisionnement en bois pour les forces d'exploration. Que ce soit dans ces sylves ombragés ou dans les faubourgs de la petite cité en ruines, où le sol se fait plus plat et les plantes plus rases, la Chape abrite toute une faune et flore spécifiques qu'il convient d'étudier plus extensivement.

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Les Ruines

Si les abords de l'Œil de Corbeau ont clairement été aménagés par une société humaine, les premières excavations montrent que ces premiers anneaux étaient moins des lieux de vie qu'une interface avec le puits central. Les hypothèses les plus crédibles font de ces premiers cercles une zone où devaient être aménagés des entrepôts et des hangars, mais aussi des jardins et des lieux de détente. Il en va de même pour les premiers étages de l'abîme, où de nombreuses alcôves ont été taillées dans la roche pour servir de lieux de stockage ou de sas d'accès.

Mais c'est surtout la cité haute qui présente un intérêt archéologique et architectural certain. Construite à flanc de paroi, elle descend depuis le haut du cratère vers le gouffre central au gré de nombreux gradins, naturels comme artificiels. Il est possible d'y évoluer par le biais d'escaliers raides et de sentiers plus ou moins étroits. Mais plus que sa topographie, c'est son architecture qui est frappante : tous les blocs de pierre, aussi polis que le marbre, présentent une régularité exemplaire, même si l'érosion et le temps ont écorné cette précision millimétrée. Il est clair que les habitants de la Chape avaient des instruments de mesure et de taille qui dépassaient largement ceux de l'Axiom, des décennies — voire des siècles — avant le boom technologique d'Asgartha.

Cette avance est visible partout au sein des décombres : dans les artefacts que les historiens du Sanctum analysent et référencent ; dans le réseau de transport de la cité, par le biais de chariots élévateurs disposés sur des monorails ; ou encore dans les appareils robotiques que même les Axiom semblent avoir du mal à conceptualiser. Tout comme le golem qui a été exhumé de la glace, ces pseudo-Automates ne semblent pas contenir d'unité centrale et, contrairement aux machines de l'Axiom, leur mode d'alimentation n'est pas innervé, mais constitué de sillons en surface, chargés de distribuer la ressource énergétique dans toutes leurs parties constitutives. Malheureusement, il a pour l'instant été impossible de réunir suffisamment de pièces pour reconstituer un appareil complet, et surtout fonctionnel.

En plus de ces vestiges technologiques, la cité haute recèle de nombreux artefacts en tout genre. Les archéologues, sous la houlette de Leocardius Sree, travaillent d'arrache-pied à étudier tous les objets qui ont été récupérés dans les ruines, de la simple lanterne à l'instrument le plus complexe, dont les composants et les fonctionnalités restent encore des énigmes pour les ingénieurs de l'Axiom. Leurs recherches soulignent cependant une certaine cohérence dans l'apparence de ces objets, qui semblent tous être affublés de rigoles externes, comme les couloirs d'un labyrinthe. Il est à noter que des sortes de combinaisons ont été trouvées aux abords du gouffre, qui pouvaient, par le biais de valves et d'un réseau de vascularisation, accueillir du liquide dans leur doublure matelassée, comme si un fluide devait être injecté à l'intérieur pour qu'elles puissent s'activer. Etaient-ce des scaphandres servant à l'exploration des profondeurs ?

Deux autres points d'intérêt ont été définis comme des chantiers prioritaires. En premier lieu, l'étude approfondie des fresques qui ont été découvertes sur les habitations et les bâtiments publics. Avant tout décoratives, elles semblent raconter une histoire : celle d'une communauté s'étant réfugiée sous terre, dans les profondeurs d'une mégalopole. Elles semblent narrer un âge d'or, sous le patronage d'une divinité céleste et maternelle, où l'opulence et le luxe régnaient partout. Élaborées avec des mosaïques et des liserés d'un matériau jaune et translucide proche de la citrine ou de l'ambre, elles sont visibles partout dans les rues, et même dans les venelles, là où les bâtiments tiennent encore debout. Mais certaines autres fresques, qui semblent bien plus récentes, sont elles faites de pierre noire, aussi lisse que l'obsidienne. Et ces représentations semblent quant à elles évoquer l'avènement d'une créature sombre, qui a peut-être causé la chute de cette civilisation en devenir.

En second lieu, les ingénieurs de l'Axiom s'intéressent particulièrement aux énormes rivets et réseaux de câbles — une cinquantaine au minimum, chacun de la largeur d'un pylône — qui émaillent ou serpentent à travers la ville. D'autres de ces filins gigantesques peuvent être retrouvés dans les plaines ou les forêts environnantes, recouvertes d'humus ou de mousses. Il apparaît évident que c'est leur chute qui a détruit une grande partie des édifices et des bâtisses, ou abattu de nombreux arbres. Il est fort à parier que ces attaches et cordages métalliques arrimaient quelque chose de massif au-dessus de la Chape. Était-ce une nef titanesque, ou bien un Léviathan ? Il est certain que les fouilles prendront des années avant que la Chape ne livre tous ses secrets. Dans l'intervalle, les raisons pour lesquelles la population établie ici a périclité avant de disparaître complètement font l'objet de nombreuses conjectures et spéculations.

Les Édifices Asgarthi

C'est en périphérie des ruines que chaque Faction a construit son édifice principal et installé ses campements. Chaque Faction a mis la main à la pâte dans l'optique de superviser une partie de la vie de l'enclave : l'administration générale pour les Ordis, l'approvisionnement et la distribution des vivres pour les Muna et les Bravos, l'aspect récréatif pour les Lyra... Après les épreuves du Caer Nilam, cette halte bienvenue sera l'occasion pour les Corps expéditionnaires de se reposer et de panser leurs plaies avant de s'aventurer dans les profondeurs de la Cité des Sages.

La Raffinerie

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Sans doute l'édifice qui va concentrer l'essentiel des enjeux de l'avant-poste, la Raffinerie va avant tout servir à transformer les gisements de Kélon récoltés en Caer Nilam en minerai exploitable par les machines de l'Axiom. Mais le site de la Raffinerie a été choisi avec soin pour servir de puits secondaire pour la remontée de toutes les denrées et ressources qui seront trouvées au sein de la cité ensevelie. L'usine a été ainsi été bâtie non loin d'une ouverture dans la Chape, de taille bien plus modeste que l'Œil de Corbeau. Prenant appui sur une annexe en partie écroulée, la Raffinerie n'a pas tardé à devenir une sorte de ville dans la ville, tandis que la fonderie s'est progressivement parée des différents bâtiments nécessaires au raffinage et au stockage du Kélon. Malheureusement, au vu des faibles stocks récupérés dans les étendues glacées, les énergéticiens de l'Axiom craignent qu'une pénurie ne vienne rapidement frapper les contingents techniques des Corps expéditionnaires. En marge de ces considérations, les Axiom étudient le liquide ambré qui a été retrouvé au sein du Cais Adarra et de la cité haute — notamment dans ses fresques — pour voir s'il peut devenir une ressource alternative pour les appareils de la Faction.

Le Mess

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L'interdiction temporaire de lancer des expéditions dans la Cité des Sages a forcé les Bravos à trouver une autre source d'occupation. C'est dans la plus pure tradition de Havre que la Faction a décidé de mettre sur pied un lieu d'accueil pour les forces d'exploration, sous la forme d'une cantine ouverte à tous. Autour d'une cuisine centrale, placée sous la direction culinaire de l'Eidolon Hestia, les brigades Bravos se sont lancé le défi de proposer les mets les plus succulents et les plus roboratifs, avec chaque jour des concours de gastronomie où chefs et commis rivalisent pour composer les menus les plus savoureux. Chaque jour, au sein de ce réfectoire à ciel ouvert où s'alignent des rangées de stands, les explorateurs font la queue pour découvrir les ardoises du jour, avant de prendre place à une table en plein air. Ouvert dès l'aube et jusqu'à une heure avancée de la nuit, le Mess s'évertue à toujours avoir du stock, même pour ceux qui sont pris d'une fringale à des heures indues. Heureusement, les Bravos peuvent compter sur les rendements de la Ferme Muna pour parer à cette cadence frénétique. Comme à l'accoutumée avec la Faction, le Mess est devenu par son animation le cœur battant de l'enclave, où se tiennent les rencontres et les échanges d'informations primordiales.

La Scène

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Les Lyra ont jeté leur dévolu sur une mission d'importance, car dans leur idée, il convient bien entendu de nourrir le corps, mais aussi l'esprit. Après des mois éprouvants, le moral était au plus bas au sein des Corps expéditionnaires, et c'était une chose à laquelle il convenait de remédier. La Faction a ainsi mis en place une scène mobile afin d'accueillir tous les types de spectacle possibles : théâtre, saynètes en altavista, one-woman et one-man-shows, et bien sûr, concerts... La Scène, qui a été confectionnée sous la forme d'un coléoptère volant aux ailes vrombissantes, est le lieu de divertissement par excellence, agrémenté de tout ce que les Axiom pouvaient fournir en matériel technique — écran géant, projecteurs, néons flamboyants... — ou engins pyrotechniques. Comme un char au sein d'une parade, la Scène peut évoluer au-dessus des toits pour changer de localisation, promenant sa silhouette insectoïde dans tout l'avant-poste, parfois au grand dam de ceux qui aimeraient dormir. Après les acrobates Kasirga et les sculptures de glace de Jack Frost, il est prévu que Nyala, Auraq, ou encore le groupe BLISS! s'y produisent.

La Ferme

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Pour que le Mess puisse être bien approvisionné, il faut de bons produits, et en grande quantité. C'est l'objectif premier de la Ferme. Les Muna ont fait pousser cet édifice en le mêlant à l'arbre le plus imposant de toute la Chape : un saule dont les branches tombantes s'agitent indolemment au gré du vent. Sous le patronage de Grand Bois, ses environs se sont couverts de champs de blé, de vignes, de vergers, de potagers... En plus de fournir les fruits, tubercules et légumineuses nécessaires aux préparations du Mess, la Faction y a installé des greniers et des silos pour constituer des réserves pour la suite du voyage. Mais l'agriculture n'est pas la seule préoccupation de la Ferme, même si le maintien des rendements reste évidemment sa première priorité. En plus de ces missions alimentaires, la Ferme accueille des officines botaniques pour analyser les propriétés des nouvelles plantes récupérées en chemin. Herbes médicinales, arbustes toxiques, baies culinaires... En coordination avec les Axiom, les Ordis et parfois quelques Yzmir, les Muna constituent un herbier pour référencer et cataloguer les caractéristiques de tous les végétaux inconnus. Récemment, la Ferme s'est aussi parée d'une annexe pour pouvoir héberger les animaux de bât et d'élevage des Corps expéditionnaires, jusque-là cantonnés au sein de l'Ouroboros. C'est ainsi que les plaines de la Chape se sont peu à peu couvertes de troupeaux de moutons, accompagnés de leurs pâtres.

La Grand-Place

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Si l'hôtel de ville — aussi appelée la Corolle — concentre toutes les tâches de supervision des explorations futures et de gestion du quotidien de l'avant-poste, les Ordis coordonnent aussi la grand-place qui fait directement face à cette antenne administrative. Ce forum ouvert est le lieu où les grandes décisions législatives sont partagées avec le restant des Corps expéditionnaires. Pour éviter les attentes face aux multiples requêtes des explorateurs, de nombreux clercs ont été missionnés pour collecter les réclamations et répondre aux questions. Et les desideratas sont pléthores : obtenir de l'équipement supplémentaire, envoyer des messages en Asgartha, réserver des provisions à la ferme, retirer des billets pour les spectacles de la scène... Il n'est pas rare d'y voir aussi les contingents de l'Aegis sortir de l'aile ouest, où se trouve la garnison et les casernes. Ils paradent alors sur la grand-place, et y font leurs exercices, dans l'attente d'être déployés dans les profondeurs, sous le regard des badauds.

Les Flèches du Nilam

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C'est à grand renfort de magie que les Yzmir ont acheminé des fragments d'écorce de l'arbre-monde défunt pour ériger leur édifice, ce qui lui a valu le doux nom de Flèches du Nilam. L'étude des courants de Tumulte y demeure une priorité absolue pour les membres de la Faction, afin d'éviter de nouvelles déconvenues comme celle qui s'est produite durant l'exploration du Storhvit. Entre observatoire et station météo, les Flèches accueillent tout ce que les Yzmir peuvent compter de théoriciens et climatologues du Tumulte. Grâce à ces recherches, les têtes pensantes de la Sphère d'Horomancie espèrent pouvoir prédire l'évolution et la trajectoire des flux mutagènes, et identifier longtemps à l'avance les apparitions de potentielles singularités. Hormis ces considérations sécuritaires, de nombreux laboratoires magiques ont été installés pour permettre aux Initiés de s'adonner à leurs recherches ésotériques, et une place spéciale a été attribuée à l'étude des Phalènes de Mana et leur dualité intrinsèque, à la lisière de la réalité et de l'illusion. Au sein du Vivier, dans un habitat artificiel façonné à partir de bouts d'écorce et de branches du Nilam, des nuées de Phalènes sont élevées par des équipes d'entomologistes, sous la direction conjointe de Moyo Chibuye et de Saskia Averina.