Collision de Phalènes

393 AC - Je vais pour me détourner, quand j'entends soudain l'eau bouillir. Des éclaboussures éclatent à la surface, alors que l'idée de l'insecte prend de l'ampleur. Je fais un pas en arrière, sur la défensive, alors que j'analyse ce qui est en train de se produire. Je prends acte de l'étendue de mon erreur : l'idée de la Phalène ne s'est pas dissipée, elle s'est mêlée à l'eau et s'est répandue. Elle est en train de gangrener la réalité. Pour s'en nourrir. Pour la faire sienne. La biologiste Muna ne semble pas avoir pris conscience du danger, et je n'ai pas le temps de l'avertir. Ou tout du moins, cela me demanderait plus d'effort. J'accélère intentionnellement la métamorphose de quelques nymphes, et provoque l'émergence précipitée d'imagos.

Un tourbillon est en train de naître, et se met à laper les bords de l'étang. Je lance mes Phalènes en direction de la Muna, les fais se percuter entre elles au gré d'explosions violacées. Comme des bombes de fumée, elles projettent la zoologiste en arrière, hors d'atteinte du hourvari, et de ce qu'il est en train de voir naître. La jeune femme retombe mollement, plus surprise qu'affectée. Elle toussote tandis que retombe le nuage de spores, tournant un regard stupéfait puis agacé dans ma direction. Puis ses yeux s'écarquillent soudain. Avec fracas, une forme — anormale et monstrueuse — est en train d'émerger des flots trépidants. Derrière moi, alertée par le raffut, la tisseuse ne peut s'empêcher d'avoir un hoquet de surprise en voyant la Chimère lentement émerger de l'écume.

MOYO