Nymphe des Mers

393 AC - Je soupire en regardant la grande étendue d'eau. Bubbles, lui, fait des pirouettes dans l'eau, en laissant des traînées mauves derrière lui, mais moi, ça m'arrange pas du tout. Je pourrais marcher dessus, mais j'aime pas du tout la sensation de vertige que ça me fait ressentir, donc il faut que je trouve un autre moyen. Je passe en revue dans ma tête tous les tableaux maritimes que je connais : exit ceux de tempêtes (Aivazovsky, van de Velde le Jeune) , pareil pour Le Radeau de la Méduse et Impression, soleil levant, qui ne m'aideront pas des masses... Pourquoi pas Van Gogh et La Mer aux Saintes-Maries... Mais soudain, ça devient une évidence. Je convoque une Néréide, pour m'aider à peindre ce que je souhaite.

Elle émerge des eaux, comme un récif corallien prenant vie. Autour d'elle, les vagues semblent se solidifier et se dessiner en trompe-l'œil. Je me remémore les estampes japonaises, la houle en aplats de couleurs, en deux dimensions. Et bientôt, le lac se transforme en décor de théâtre, tout en panneaux amovibles, et qui bougent à droite à gauche, comme tirés par des cordes invisibles. Hokusai et Hiroshige, ondées bordées d'écume blanche... Bien content du résultat, je me mets à marcher sur le sol sablonneux, passant entre les rouleaux figés. Dans l'envers du décor, le dos des panneaux est fait de bois et de menuiseries, comme si on était sur les planches. La nymphe me sourit et me caresse la joue quand je passe à côté d'elle...

Nymphes marines qui composent — à dos de monstres de mer, de dauphins ou d'hippocampes — le cortège du dieu Poséidon, les Néréides sont des esprits élémentaires qui symbolisent le mouvement de la mer. Fières et vindicatives, et au nombre de cinquante, on les dit toutes filles du dieu Nérée et de l'Océanide Doris. C'est en leur nom que Poséidon exigea de Céphée et de Cassiopée le sacrifice d'Andromède, princesse d'Ethiopie.

NADIR