Odyssée des cieux

Citoyen

Personnage

Axiom

Gavroche

Rare

Il remplit son panier, et riposte avec des pieds de nez.

393 AC - La plupart du temps, il m'apparaît quand je repense aux grèves, là-bas, en Hadera, aux barricades, aux rassemblements d'ouvriers... L'Eidolon se manifestait alors, se faufilant entre les travailleurs. Certains s'amusaient à le voir déambuler dans la foule, d'autres étaient irrités par sa présence. Le gamin était quelque part le symbole de notre résistance : nos manifestations étaient enjouées, tournées vers l'espoir de lendemains meilleurs. Et quand les violences commencèrent, l'Eidolon devint celui de notre défiance. Je le regarde déambuler dans les ruines, et fourrer des pépites d'Aérolithe dans ses cabas, comme le lui ont demandé les énergéticiens. Tout autour, l'entrepôt abandonné est un écrin pour l'air qu'il chantonne : "Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire. Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau."

Petit oiseau. Oui, c'est de bon aloi. Grâce à tout cet Aérolithe, rouge comme le cœur d'un pigeon, d'autres airships prendront leur envol... De toute évidence, la civilisation qui a vécu ici a elle aussi domestiqué la pierre de lévitation. Elle devait d'ailleurs être centrale à leur mode de vie, nichée ici, haut dans les nuages. Gavroche tire des décombres un nouveau joyau, de la taille d'un poing. Il resplendit dans la lueur de l'après-midi, avant de se mettre à flotter dans les airs. Si nous avions voulu, nous aurions pu l'utiliser pour fabriquer des bombes afin de lutter contre la répression. Mais lorsque nous avions planté le piquet de grève, nous nous étions juré de faire de notre mouvement de contestation une révolte pacifique. Nous avions été bien naïfs.

Personnage iconique des Misérables de Victor Hugo, Gavroche est un gamin des rues, espiègle et débrouillard. Lors de l'insurrection républicaine de juin 1832, il détrousse les morts pour récupérer les cartouches non utilisées afin de les rapporter à ses camarades insurgés. Tout du long, il se fait tirer dessus, mais aucune des balles des gardes nationaux ne semble vouloir l'atteindre. Jusqu'à celle, fatidique, qui le fait tomber par terre, le nez dans le ruisseau.