Scarabot

Je me trémousse sur ma chaise, mes écouteurs vissés sur mes oreilles. La musique d'Ankita Struna pulse dans mon casque, aussi rythmée qu'éthérée. Ma tasse de café fume sur mon établi, alors que la lumière du Soleil filtre à travers les stores de l'atelier. Devant moi, le plan de montage est déplié sur la table, et je l'étudie attentivement, tout en faisant tournoyer mes tournevis comme si c'était des baguettes de percussion. Du coin de l'œil, je vois un Scarabot grimper le long du pied de table et s'installer sur mon plan de travail. Il m'observe avec curiosité, sa caméra zoomant en alternance sur moi et sur le diagramme que je suis en train de déchiffrer. Je retire mon casque et le mets autour de mon cou, scrutant le robot insectoïde avec un mélange d'amusement et de perplexité.

Ce dernier observe minutieusement le schéma, comme pour l'analyser. Est-ce qu'il serait en train de s'ennuyer ? Il lève la tête et m'observe longuement. Je lève la jambe et fais résonner mon tournevis sur ma prothèse en métal. Le Scarabot semble soudain comprendre, et se met à disséquer davantage le plan, se mouvant de gauche à droite sur la table. Il scanne mon design, passe au crible les indications qui me permettront de me forger de nouvelles lames de course. Puis, semblant satisfait, il ouvre ses compartiments dorsaux pour me permettre d'accéder à toute une palanquée d'outils : des vis à la bonne taille, des maillets de finition, une visseuse kélonique, une pierre à aiguiser... Je le remercie en tapotant doucement son dos, et pose mon casque sur le sommet de sa tête. Il se met à dodeliner d'avant en arrière, au rythme de la musique, vraisemblablement au comble du bonheur.

Sierra

380 AC