Djinn Fulgurant

393 AC - Parfois, la force est inutile. Parfois, même la vitesse est vaine. Ma lame fend et taillade, mais c'est comme couper le cours d'une rivière. Là, au milieu de la grotte, les spectres d'un noir de jais, pareils à des ombres mouvantes, glissent comme des traînées d'encre, avec le souhait d'y mêler le rouge de mon sang. Ils se décollent des murs ou en suintent, et j'ai beau faire virevolter ma lame dans tous les sens pour couvrir le maximum de surface, j'ai la pénible impression de brasser de l'air. Comme un moulin à vent qui cherche à repousser la nuit. À les tenir ainsi à distance, je risque de m'épuiser. Chacun de mes pas est étudié avec soin, pour parer au terrain rocailleux. La cavité présente de nombreux reliefs, et il m'est impossible d'y maintenir une course continue, ou d'identifier des diagonales de fuite ou de percée. Quand chaque flaque d'obscurité peut abriter l'un de ces esprits, il n'est pas aisé de déployer tout l'éventail de mon art.

Mais il me faut tenir le siège, comme le barrage retient l'eau. Fuir n'est pas une option... Et heureusement, cela n'a jamais été mon intention. Je souris, tandis que j'arrive près du puits. Il est entouré de ces satanées pierres gravées, disposées comme l'amphithéâtre chaotique d'un architecte dément. Les ombres approchent, pensent m'acculer, sans se douter de l'embuscade que je leur ai tendue. J'expire. Le Djinn tombe du plafond, tel un trait de feu et de métal. Il surgit en hurlant des hauteurs, comme un oiseau de proie, dans un cri muet d'une gueule garnie de crocs d'acier et de flammes bleutées. Et quoi de mieux que la lumière pour bannir les ténèbres ? La déflagration est terrible quand le Djinn explose. Sa clarté, sous la forme d'une houle, roule dans les moindres recoins et interstices, et sur son passage, les fumées noires s'effilochent, brûlent et se dispersent. Le Mana emplit la cavité comme une brume, que j'inspire pour me gorger de pouvoir...

Issus de la mythologie préislamique, les Djinns sont des créatures fantastiques façonnées à partir d''un feu sans fumée. Capables de changer de forme à leur guise, on dit d'eux qu'ils vivent dans des endroits désolés, que ce soit près des cours d'eau, dans les forêts ou bien les déserts. Si certains peuvent être malveillants, il est aussi dit que les philosophes, les poètes et les devins étaient parfois inspirés par les Djinns. Ils apparaissent d'ailleurs dans de nombreux récits, des Mille et Une Nuits au poème Les Djinns de Victor Hugo.

ATSADI