Renifleur de Sève

Ces petites créatures indigènes peuvent flairer la Sève à des kilomètres à la ronde.

Histoire


393 AC - Attablé à mon atelier, je rassemble mes notes. Le laboratoire mobile émet ce doux bourdonnement mécanique qui me permet de me sentir comme l'abeille au milieu de la ruche. Rossum attend mes directives pour continuer nos expériences sur la Sève. J'espère y trouver des pistes pour améliorer la qualité des prothèses et des implants, notamment pour remplacer le Kélon et allonger leur durabilité. J'en suis là de mes réflexions quand la porte s'ouvre à la volée. Entre un prospecteur, tenant difficilement en laisse un de ces étranges animaux locaux, semblable à une taupe. Si l'homme semble épuisé, l'animal est quant à lui surexcité. M'ignorant totalement, le propriétaire de la bestiole se dépêche de poser les containers de Sève sur mon bureau pour se précipiter vers elle et lui donner à manger une petite quantité de sa récolte. Le renifleur, puisque c'est le nom qu'on donne à cette taupe, s'apaise immédiatement, s'assied sur son derrière et regarde son maître avec de grands yeux à travers ses lunettes de protection.

Alors que Rossum prend en charge cette nouvelle cargaison de Sève qui servira dans mes recherches, j'interroge l'homme sur son équipier à quatre pattes. Trop heureux de pouvoir apprendre quelque chose à un scientifique, ce dernier m'explique la nature du renifleur. Cette petite boule de poils, équipée de larges griffes pour creuser et de grosses dents pour ronger les racines épaisses, n'a pas son pareil pour détecter des sources de Sève. Il est tellement friand de cette substance qu'il est prêt à prendre des risques parfois inconsidérés pour atteindre un endroit pouvant en abriter. Le prospecteur nous retrace quelques épisodes au fond de la cité, où le renifleur de sève n'a pas hésité à grimper dans des lieux périlleux au sein des pierres gravées, pour seulement quelques gouttes ambrées. Tandis que je discute, je vois l'homme qui surveille son partenaire du coin de l'œil. Ce dernier présente en effet des signes d'impatience. En bafouillant, le prospecteur reprend sa laisse et me lance un rapide salut, avant d'être brutalement tracté vers la sortie par sa bestiole. Perplexe, je me demande si le renifleur n'aurait pas développé une sorte d'addiction à la Sève.

Narré par


TREYST