
Leocardius Sree

Lore
17 juillet 2025
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226 AC - 322 AC
Cet historien à la longue barbe blanche et au visage affable œuvrait à la conservation des vestiges de l'histoire humaine. Il déambulait quotidiennement au sein des collections qu'il supervisait : des couloirs interminables abritant des milliers d'artefacts et de reliques des temps passés. Malgré son grand âge, il conservait la soif de savoir et la curiosité des premiers jours, fasciné par tout ce qui avait été créé et façonné de par le monde. Il en avait la conviction : l'humanité, pour espérer rester intègre, devait se souvenir de son histoire, de ses traditions. C'était pour elle la seule façon de se forger son identité, et par extension, d'adhérer à une société unie, solidaire et incroyablement résiliente.
Né en 226 AC sous le règne de Cecere Arundhani, Leo était un enfant fantasque, posant toujours des myriades de questions sous l'œil tour à tour amusé ou agacé de ses parents. Intéressé par la philosophie, l'histoire, et tout exercice de pensée, en réalité, c'est tout naturellement qu'il se tourna vers une existence académique. Il étudia les grands théoriciens Asgarthi, d'Aurica à Fenn, en passant par les écrits d'El-Amin. Sa vivacité d'esprit lui ouvrit les portes du Monolithe, et il officia de nombreuses années au sein du Sanctum, s'imprégnant de tout le savoir qui était tapi sur les rayonnages poussiéreux de la bibliothèque Ordis.
Mais la vie académique n'était qu'une facette de son occupation ; il avait dédié l'autre versant de son existence à des chantiers archéologiques majeurs, et de ce fait avait arpenté la péninsule Asgarthi jusqu'à un âge avancé, avec toute la résilience que son vieux corps lui permettait de brandir. Que ce soit l'exploration de ruines ou l'excavation de reliques oubliées, il endossait de nombreuses responsabilités, supervisant d'importantes équipes composées de fouisseurs et d'experts, de topographes et de traducteurs. De nombreuses découvertes sont ainsi marquées de son nom. Mais même s'il s'enthousiasmait toujours autant de ces fantastiques excursions, après une vie à voyager de-ci de-là, il savait que sa santé déclinante allait bientôt l'empêcher de s'embarquer de nouveau dans ces éreintants voyages.
Toutefois, d'un naturel optimiste, il voyait déjà une porte de sortie qui le galvanisait tout autant : la transmission de son savoir aux nouvelles générations. Il consacra donc le dernier tiers de sa vie au professorat, dispensant ses connaissances, modelant les esprits de ceux qui prendraient sa suite comme un rémouleur aiguise des couteaux. Car c'est aussi ce qu'incarnait l'idéal de l'Ordis, auquel il adhérait sans faillir : les passages de flambeaux successifs qui à terme aboutiraient à l'érection d'une utopie de justice et d'égalité, qui saurait résister aux épreuves et aux turpitudes du temps.
Il est presque étrange que Leocardius ait été plus connu en tant que recteur du Sanctum que pour ses exploits passés... mais à y réfléchir, sa réémergence en tant qu'Eidolon avait tout de logique. Il avait marqué de son empreinte de nombreuses générations, par les connaissances dont il avait été le dépositaire ou l'artisan, mais surtout pour son inspirante pédagogie. C'est ce qui incita Odran ruun-Hereen à en faire l'un de ses personnages principaux quand il s'attaqua à la rédaction de ses Dialogues, après avoir été son attentif élève durant de nombreuses années. C'est aussi ce qui persuada Nagi de Santis de sculpter une œuvre à son image — Le Veilleur Nocturne, que l'on peut admirer au sein des Pavillons Emir Garfagnini —, car il avait été le seul à soutenir la jeune femme qu'elle était quand tous les autres lui avaient tourné le dos...
Et tout comme eux, d'innombrables personnalités — parmi lesquelles les Basilei Geirr Aveskamp et Caetano Acciai — firent personnellement le déplacement pour lui rendre hommage lorsqu'il s'éteignit dans son lit en 322 AC. Le seul regret qu'il confessa avant de fermer définitivement les yeux fut de n'avoir pu faire un dernier voyage, pour excaver de nouveaux vestiges et secrets, pour en apprendre plus sur le monde... Mais dorénavant, l'Oneiros qu'il est devenu a une chance de reprendre la route.
Et c'est bien le présent que souhaite lui offrir Waru. Toute sa jeunesse, l'Altérateur s'est passionné pour ses écrits et ses découvertes : le Traité du Monde Vestigial, l'Atlas Mundum Absconditum... au point de voir sa trajectoire académique tendre vers ces sujets archéologiques. Il compte bien s'appuyer sur la présence de l'Eidolon à ses côtés pour passer au peigne fin les reliques qu'ils ont trouvé en Caer Oorun, vieilles d'au moins 277 ans. Quels secrets et souvenirs oubliés vont-ils aussi exhumer de la Cité des Sages ? Et bien entendu, ce ne seront là que des amuse-bouche en comparaison avec ce qu'ils trouveront plus loin au sein de la Terra Incognita.