Issitoq

Nul ne peut échapper à son regard.

Histoire


Le juge se tourne dans ma direction, faisant tomber sur moi son regard implacable. Issitoq flotte au-dessus de l'assistance, tel un œil inquisiteur. Il a écouté la plaidoirie de l'avocat de la défense, celle de la procureure du Libra, et l'heure est venue de donner son jugement. Ses yeux s'illuminent, et des rayons bleutés m'enveloppent de la tête aux pieds. Puis sa voix tonne comme le rugissement de la foudre, comme le grondement d'une avalanche. L'Eidolon n'est pas connu pour être le juge le plus indulgent, et c'est tant mieux. Je pose un genou à terre en écoutant le verdict : une révocation immédiate, et une exclusion de trois ans minimum. Défait, je baisse la tête. Derrière moi, mes partisans s'offusquent, crient au scandale. Ils n'y peuvent rien, mais ma condamnation va aussi jeter le discrédit sur tous ceux qui m'ont soutenu.

Les yeux d'Issitoq se ferment et, comme un globe oculaire, l'Eidolon pivote pour se tourner vers l'entrée du Tribunal. Ayant rendu son jugement et prononcé ma peine, il se désincarne lentement. Je jubile intérieurement, même si je ne peux rien laisser paraître. Par mon sacrifice, je laisse à Avkan toute latitude pour entériner le lancement de l'Effort de Redécouverte. Par mes manigances, j'ai muselé la contestation. Qui plus est, la place que je laisse vacante va susciter de nombreuses convoitises, et la lutte de succession qui en résultera va forcément empêcher les prétendants de se mobiliser efficacement contre le Basileus. Bien entendu, il est hors de question de prendre des vacances pour autant. Je vais devoir continuer à surveiller leurs agissements et avertir Avkan de leurs manœuvres. Mais il est certain que le niveau de menace qu'ils peuvent faire peser sur le projet va s'alléger drastiquement. Faussement contrit, je me lève et me dirige vers la sortie, maintenant la tête haute. Je n'ai nullement à feindre la fierté en tirant ma révérence.

Inspiration


La religion Inuit raconte que chaque être existe aussi sous la forme d'un souffle ou d'un esprit : l'anirniq. Que ce soit celle d'un être humain ou d'un animal, cette "âme" persiste au sein du monde après la mort, et peut chercher à se venger de celui ou celle qui l'a tuée. La seule façon de l'apaiser est de procéder aux bons rites, de respecter les traditions et, surtout, de ne pas briser de tabou. La divinité Issitoq, qui prend l'apparence d'un gigantesque œil volant, veille à ce que ces règles soient honorées, et ne se prive pas de punir tous ceux qui se risquent à les bafouer.

Narré par


Waru

Date


365 AC